Pieter Brueghel
Violent, le tableau censuré par Rodolphe II
Le sujet est l’un des plus cruels de l’histoire biblique. Il est connu d’après l’Évangile selon saint Matthieu : Hérode, à qui les sages auraient annoncé la naissance du roi des Juifs à Bethléem, calme sa colère en y faisant tuer tous les enfants de moins de 2 ans de sexe masculin. Bruegel transpose la scène dans un village flamand, et le sujet lui permet d’évoquer en écho les événements contemporains, les destructions iconoclastes et la révolte contre les Habsbourg. Il dépeint avec minutie les détails de la scène. Un groupe de cavaliers en armure surveille le massacre. Les lances tenues à la verticale étaient l'une des caractéristiques des troupes espagnoles. Leur chef vêtu de noir est probablement une allusion au duc d'Albe
Mais dix ans après sa création, alors que le tableau vient d’être acheté par l’empereur Rodolphe II de Prague, il fait l’objet d’une censure. La scène, jugée trop violente, est maquillée à la demande de l’empereur. Les enfants égorgés sont transformés en animaux, et le massacre des Innocents devient une scène de pillage. La scène ayant été décrite par l’historien d’art Karel Van Mander dès 1604, ces changements n’ont jamais été ignorés. Mais les repeints n’ont pas été effacés, à l’exception des flammes sortant des toits des maisons, afin d’éviter d’altérer davantage le tableau. Seule l’ombre des enfants est aujourd’hui visible derrière ces ajouts.
Peint à l'huile sur bois de chêne,