Plaidoyer
Monsieur le président, messieurs les juges, monsieur le procureur général, mesdames et messieurs les jurés, cet homme n’était pas toujours un assassin inexorable. Non ! Cet homme que vous voyez est raffiné par l’éducation ; c’est un marquis qui parle le latin. Cet homme a jouit d’une belle enfance, une étoffe dorée dont l’extrémité est sanglante … Cet homme était un enfant, un écolier rieur et frais, qui joue, court et cris avec ses frères. Cet homme avait un goût pour l’art, il était rêveur et passionné. Ce jeune homme est encore sain et fort, robuste de corps et d’esprit, constitué pour une longue vie … Par ailleurs, il est inhumain de faire mourir un homme en pleine santé, au milieu de sa vie.
De surcroit ce condamné, messieurs, est un fils, un mari et un père. Une fois cet homme condamné, la famille perdra tout son respect, son équilibre et sa pudeur. Sa petite fille de trois ans sera orpheline. Cette belle petite fille, cette innocente devra alors vivre sans aucune présence et assistance masculine. Cette pauvre petite fille sera livrée à elle-même, elle devra affronter les insultes et les salissions de ses camarades. La famille du condamné sera déshonorée, ruinée et, pour survivre, plongera à son tour dans la délinquance.
J’aimerais rappeler et attirer l’attention de l’audience par rapport au fait que l’erreur est humaine et que la peine de mort réfute la possibilité de réhabilitation et de deuxième chance. En outre, il est moralement grave de tuer un homme avant qu’il ait pu régler ses problèmes avec lui-même et avec la société.
Mesdames et messieurs, permettez moi de dire que la souffrance morale des condamnés n’est pas prise en compte, or c’est une vraie et longue torture. Le condamné n’est obsédé que par une pensée, une conviction et une certitude : condamné à mort ! Mon client a peur, ressent une inquiétude épouvantable, une horrible anxiété, une terreur abominable, un désarroi total. Il se sentait malade et faible, souffrant d’une