Traduction partie de george orwell down and out in paris and london
Vous découvrez ce que c'est que d'avoir faim. Le ventre saturé de pain et de margarine, vous errez dans la rue et observez les devantures. Partout vous apercevez des étalages débordant de provisions, qui semble vous insulter, des cochons entiers, des paniers de pain campagnard tout juste sortis du four, des mottes de beurre jaune, des chapelets de saucisses, des montagnes de pommes de terre, d'énormes meules de gruyère. Devant cette quantité de nourriture, l'envie vous prend de pleurer à chaudes larmes sur votre sort.Vous songez à attraper un pain et à partir en courant, en dévorant celui-ci sans cesser de courir, pour le finir avant qu'on ne vous rattrape; mais vous renoncez à cette idée, par simple frousse.
Vous découvrez l'ennui, compagnon inséparable de la pauvreté; pendant ces moments où, n'ayant rien à faire, vous vous sentez incapable de vous intéressez à autre chose qu'à l'envie de manger.
Vous passez la moitié de votre journée allongé sur votre lit, dans l'état d'esprit du jeune squelette de Baudelaire. Seule la nourriture pourrait vous réveiller de votre langueur. Vous vous apercevez qu'un homme, qui n'a passé qu'une semaine à s'alimenter de pain et de margarine, n'est plus un homme, mais seulement un ventre avec quelques organes annexes.
On pourrait décrire cela davantage, mais la vie avec six francs par jour, est toujours la même.
Une vie que connaissent, à Paris, des milliers de personnes, des artistes et étudiants luttant pour leur survie, des prostituées dont la chance s'en est allée, des chômeurs de toutes catégories.
C'est pour ainsi dire, l'antichambre de la