Platon - la république livre i (344a-344c)
Pour Platon, le procès de Socrate, accusé d'impiété, fut l'évènement décisif au sein de son parcours philosophique. Dans une de ses lettres, il relie d'ailleurs directement le récit de l'exécution de son maître à la formation de ses convictions philosophiques et au projet de la République, un des « dialogues de la maturité ».
Se révoltant face à la démocratie qui a mis à mort son maître, il va jusqu'à affirmer que : « à la fin, je compris que, en ce qui concerne toutes les cités qui existent à l'heure actuelle, absolument toutes ont un mauvais régime politique ». Cette conviction de fond constitue l'horizon à la fois politique et métaphysique de toute lecture de la République, qui se propose d'élaborer un modèle idéal de société. Dans cette œuvre, Platon met en scène Socrate dans un dialogue, qui l'oppose successivement à des personnages comme Céphale, qui représente la culture traditionnelle, ou Thrasymaque, porteur véhément du mouvement sophistique. C'est d'ailleurs avec ce dernier que s'ouvre la République, dont le premier livre met en évidence les conceptions traditionnelles et sophistiques de la justice. Socrate revient du Pirée et il est invité par Céphale, avec qui il réfléchit sur le rôle de la richesse dans l'accès au bonheur, la justice en tant que motif d'espérance et de sérénité et sur la nature de la justice elle-même. C'est Polémarque qui commence débattre sur ce dernier point, en évoquant le poète Simonide : pour lui, la justice consiste à rendre à chacun son dû. Puis intervient brutalement Thrasymaque, qui reproche à Socrate sa manière de conduire l'entretient : interroger est plus facile qu'exposer ses propres idées. Selon Thrasymaque, la justice consiste à rechercher l'avantage du plus fort (thèse de Calliclès dans le Gorgias) : le juste est l'avantage du gouvernement constitué. Néanmoins, Socrate objecte en soutenant la thèse inverse, soit que les gouvernants ont en vue l'avantage des gouvernés : le