En 1960, une période de grande effervescence débute et il y a une rupture radicale avec ce qui a précédé. Les romanciers passent du constat au combat, expriment leur révolte contre les conditions qui ont rendu incertaine l’identité autant individuelle que collective. Dans son texte intitulé «Une saison dans la vie d’Emmanuel», Marie-Claire Blais effectue une focalisation de l’individu qui remplace l’ancien cadre familial ou paroissial. Alors que jadis et naguère le héros devait se sacrifier pour sa collectivité, on peut maintenant parler de problématique individuelle où chacun tente, très péniblement, il est vrai, de s’assumer. L’étude du personnage du Frère Théodule dans l’œuvre précédemment mentionnée nous permettra même d’apercevoir cette individualité.

En premier lieu, présentons le personnage en question. Le Frère Théodule est très important dans le roman et il est rempli d’ambiguïté. Le nom «Théodule» fait référence à deux idées si nous le divisons en deux mots distincts. Tout d’abord, «Théo» signifie bien entendu Dieu, et ensuite le suffixe «dule» peut susciter l’idée de crédulité par son adjectif «crédule». Par contre, dans le roman le Frère Théodule est également présenté comme étant Théo Crapula, là où toute la vision que nous avions face à ce personnage change. En fait, l’image de respect, de vénération et d’admiration se transforme lorsque Théo Crapula prend place. Cette expression réflète une belle antinomie puisque Théo représentant toujours Dieu s’oppose totalement à «Crapula» mis pour «Crapule», car il associe ainsi Dieu à la malhonnêteté, la débauche et l’absence de morale. Nous pouvons donc voir que ce personnage est très contradictoire, équivoque et incertain. Ensuite, en ce qui a trait à l’aspect physique du personnage, il est représenté comme ayant l’air jeune avec un visage enfantin (p.123). Aussi, il a «les joues envahies par une barbe épineuse» (p.158). De plus, son habillement est constitué d’une robe noire, d’un chapeau de fourrure