pour vivre heureux, faut-il fuir la mort ?
Inhérente à chaque homme tel un destin inéluctable , la mort a généralement une connotation négative dans l'opinion commune. Elle représente en effet l'interruption de la vie et est symbolique de notre condition humaine tragique. Il est cependant difficile d'en dire davantage à son sujet excepté qu'il est indéniable que nous la redoutons ; dans le cas contraire pourquoi la fuir ? Nous pourrions alors nous demander de bon don droit si ce caractère mystérieux que possède la mort n'est pas la véritable raison de notre angoisse ? Aurions-nous peur de souffrir avant la mort ? Serait-ce l'après-mort, en admettant qu'il n'est une, qui nous inquiète ?
En partant de ce point de vue, il est évident que le bonheur de l'homme est fortement compromis par la mort. Dans cette perspective, fuir la mort en n'y point pensant afin d'être heureux serait une attitude compréhensible. Fuir la mort aurait-il alors pour sens de ne point y penser, de la chasser de notre esprit ? Mais ne serait-ce pas une forme de lâcheté que de vivre en pensant le plus rarement possible à la mort ? Plus encore, en supposant que cela soit possible, suffit-il de ne pas penser à la mort pour ainsi annihiler de ce fait toute forme de peur ?
Si certains hommes choisissent de ne plus penser à la mort ou au contraire de s'y préparer, n'est-ce pas qu'il y pensent trop ? Les croyances religieuses seraient-elles le fruit de notre éternel déni ? Serait-il alors impossible de percevoir le bonheur en acceptant le fait de mourir ?
I / Si l'on prend les termes de notre question dans leur acception la plus immédiate, ce paradoxe laisse entendre que l'idée de la mort est incompatible avec celle du bonheur. La mort possède en effet un aspect négatif car elle représente l'interruption de la vie. De plus l'idée de fuir la mort suppose également qu'elle nous effraie et du coup, nuit à notre bonheur. Selon Épicure : « quand nous sommes, la mort n'est pas là, et quand