Pouvoir est assujettissement: sartre et foucault
INTRODUCTION
Dans L’histoire de la folie à l’âge classique puis dans Surveiller et punir, Michel Foucault interroge dans ses moindres détails et ramifications, les mécanismes de pouvoir qui s’expriment à travers deux paradigmes : le modèle de la lèpre et celui de la peste.
Le modèle de la lèpre correspond aux rituels d’exclusion et d’enfermement alors que celui de la peste a suscité des schémas disciplinaires.
Le lépreux est pris dans une pratique du rejet, de l’exil-clôture ; on le laisse s’y perdre comme dans une masse qu’il importe peu de différencier ; les pestiférés sont pris dans un quadrillage tactique méticuleux où les différenciations individuelles sont les effets contraignants d’un pouvoir qui se multiplie, s’articule et se subdivise.
Selon Foucault la contingence de ces maladies n’induit absolument pas la contingence des moyens mis en place par la société pour parvenir à les traiter. Au contraire, le mode de traitement de ces maladies reflète la structure profonde de la société, il révèle la nature du « rêve politique » de nos sociétés : celui d’exercer un pouvoir toujours plus constant et systématique sur les individus et en ce sens Foucault va même jusqu’à affirmer que « les gouvernants rêvaient de l’état de peste ». Ces schémas sont différents mais pas incompatibles, tous les mécanismes de pouvoir qui se disposent ainsi autour de la figure de l’anormal composent ces deux formes : « celui du partage binaire et du marquage (fou-non fou ; dangereux-inoffensif, normal-anormal) et celui de l’assignation coercitive, de la répartition différentielle (qui il est ; où il doit être, par quoi le caractériser etc.) »
Il s’agit pour nous d’interroger le sens de ce « rêve politique » qui gouverne l’histoire et au nom duquel la société développe des stratégies de pouvoir.
Chez Sartre la question du pouvoir est d’abord posée au niveau des relations individuelles à travers la question du regard qui me