Poésie romantique
La poésie romantique va se dégager de ces contraintes. Le premier succès romantique fut les Méditations poétiques de Lamartine, qui restent classiques par bien des aspects (lexique, syntaxe), mais où l'on trouve des mots du langage ordinaire, des vers impairs et des strophes novatrices :
De quels sons belliqueux mon oreille est frappée !
C'est le cri du clairon, c'est la voix du coursier ;
La corde de sang trempée
Retentit comme l'épée
Sur l'orbe du bouclier.
Lamartine, dans son poème "Les Préludes", allie dans cet exemple des alexandrins 3/3//3/3 à des heptasyllabes.
Les romantiques expérimenteront ainsi toutes sortes de strophes et de versifications, à l'image de Hugo dans « Les Djinns ». Le romantisme est moins une libération des contraintes du vers, qu'une volonté d'en explorer les possibilités afin d'enrichir l'expressivité de la poésie.
Dans cette recherche qui conduira à l'art pour l'art (cf. Gautier, Emaux et camées), un apport majeur du romantisme est la disharmonie entre le mètre et la syntaxe par le recours aux enjambements, aux rejets et contre-rejets. Hernani de Victor Hugo commence par un rejet :
C'est bien à l'escalier
Dérobé.
Le vocabulaire romantique répond aussi à la recherche de l'expression : des mots plus bruts, vifs et colorés, et parfois une syntaxe relâchée :
Qué qu'ça m'fait si m'manqu'queuqu'chose,
Quand j'vois ton p'tit nez tout rose (Marceline Desbordes-Valmore)
Le vers est de cette manière rapproché de la prose. Et la poésie en prose ( à différencier de la prose poétique) sera illustrée par Aloysius Bertrand avec Gaspard de la nuit.
Parmi les chefs-d'œuvre de la poésie romantique citons : Le Lac de Lamartine, La Mort du Loup de Vigny, La