pratiques culturelles et appartenance sociale
Les pratiques culturelles : déterminisme et interaction (1)
I. Les pratiques culturelles : déterminisme et légitimité Les pratiques culturelles ne sont pas liées à des goûts innés, elles ne sont pas l’expression d’une pure subjectivité individuelle. Elles résultent au contraire de déterminismes sociaux : la place des individus dans l’espace social influence de façon décisive leurs pratiques culturelles. Ces pratiques culturelles sont elles mêmes hiérarchisées, elles font l’objet de jugements sociaux qui contribuent à reproduire la différenciation sociale et les phénomènes de domination. A. La détermination sociale des pratiques culturelles Si le sexe joue peu en général dans les différences de pratiques culturelles, son influence n’est pas négligeable en ce qui concerne la lecture : les femmes sont beaucoup plus nombreuses que les hommes à lire. On constate aussi que les jeunes de 15 à 24 ans vont plus souvent au cinéma que le reste de la population et que les cadres et professions intellectuelles supérieures visitent plus souvent un musée, une exposition ou un monument historique. Une grande proportion des agriculteurs et des ouvriers non qualifiés ne va jamais au cinéma, alors qu’une minorité seulement des cadres et professions intellectuelles supérieures est dans ce cas. De même, un quart des cadres lisent souvent un quotidien national mais très peu d’agriculteurs et d’ouvriers non qualifiés font de même. Les ouvriers qualifiés et les agriculteurs sont nombreux à n’avoir lu aucun livre dans l’année alors que très peu de cadres sont dans ce cas. Comment peut-on expliquer ce déterminisme social ? De nombreux facteurs jouent simultanément et parfois se renforcent. Une première variable explicative est constituée par le revenu : certaines pratiques culturelles sont onéreuses (opéra, théâtre, cinéma) et les catégories à revenu modeste consomment moins de ces biens