Pratiques pédagogiques dans l enseignement supérieur et
Bernard REY, Dominique COMPERE, Alain LAMME, Anne VANDERLINDEN Université Libre de Bruxelles Service des Sciences de l’Education Avenue F. D. Roosevelt 50 – CP 186 1050 BRUXELLES 02 650 56 87
1. INTRODUCTION ET OBJECTIFS DE LA RECHERCHE
Depuis les années septante, le taux d’étudiants dans l’enseignement supérieur (par rapport à un même groupe d’âge) a quadruplé. Aujourd’hui, en Belgique francophone, plus de 50% des jeunes en âge de s’inscrire dans l’enseignement supérieur y accèdent. Cependant, la question de la réussite en première année de l’enseignement supérieur – et de l’échec qui touche deux étudiants sur trois – interpellent : si depuis ces trente dernières années, l’enseignement supérieur connaît une massification importante, peut-on parler par la même occasion d’une démocratisation de l’enseignement ? Le défi est double. Il s’agit d’abord d’assurer la qualification attendue et sanctionnée par les diplômes, qu’elle soit axée sur la recherche ou sur la professionnalisation. Mais l’autre défi est aussi très certainement d’assumer cette massification tout en s’interrogeant sur les mécanismes de l’échec qui freinent sa démocratisation. Dans ce contexte, comment le principal concerné, l’apprenant, vit-il cette situation et en particulier ses apprentissages ? Quels types de difficultés rencontre-il et quelles en sont les raisons ? Une littérature abondante fait état de plusieurs hypothèses mettant souvent en exergue des facteurs imputables à l’étudiant lui-même. D’autres études font apparaître une corrélation entre l’origine socioculturelle et les difficultés des étudiants à s’adapter aux codes de l’enseignement supérieur : code linguistique, codes liés aux processus d’affiliation institutionnelle et sociale, exigences implicites, etc. Ces difficultés sont alors souvent envisagées comme la résultante d’un manque ou d’un déficit : manque de motivation, manque de travail,