Prendre conscience de soi, est-ce devenir étranger à soi ?
Avoir conscience de soi, c’est avoir conscience de notre propre existence, et le savoir. Comme le dit Descartes dans ses Méditations métaphysiques, « cogito ergo sum » (je pense, donc je suis) ; le sujet existe, et il sait qu’il existe, il sait aussi qu’il sait qu’il existe et il le pense. Cette célèbre conclusion du philosophe est le résultat d’une profonde réflexion sur les sens au moyen du doute. En imaginant qu’un esprit malin l’abuse sur ses sens, il conclut qu’il existe. « En effet, comme on ne peut abuser ce qui n’existe pas, et comme je suis moi-même abusé, j’en conclus que j’existe ». En prenant conscience de soi, il est possible par la suite d’effectuer un travail d’introspection sur soi et d’acquérir la plénitude de soi, le contrôle de ses pensées et de ses actes.
En effet, d’après Bergson, un acte conscient est précédé d’une réflexion qui se décompose comme suit : tout d’abord la conception de l’objet de la pensée, ensuite il y a délibération afin de peser le pour et le contre, et enfin il y a la prise du choix, la décision de la volonté. Avoir conscience de soi, c’est aussi pouvoir se représenter soi-même. Comme le dit Kant, la capacité à posséder le « je » dans sa représentation conduit l’homme à être une personne, le fait de devenir un sujet est le résultat d’une histoire ; afin d’illustrer cela, il prend l’exemple de l’enfant qui est une personne en puissance et qui ne le deviendra effectivement que moyennant le langage grâce auquel il