Proust et l'évolution du temps perdu
Si le roman réaliste est une machine à produire un discours qui reproduit le monde tel qu’il est, le discours proustien transmet le drame du sujet énonciateur qui, tout en restituant le passe, retrouve son essence, se recrée lui-même. Le monde n’existe plus comme un hors-texte, il arrive à l’état d’une tant uniquement dans la mesure ou il se matérialise par le souvenir. Aussi n’a-t-il pas l’attribut de la matérialise pâteuse ; au contraire, il ne prend contour qu’au fur et a mesure que des sensations et des impressions passes font remonter en surface des bribes d’existence – nature, objets, êtres. Le monde n’existe que sous forme de sensations oublies que la mémoire affective et involontaire ramène en …afficher plus de contenu…
Le narrateur omniscient donne des informations sur leur histoire, sur leur propriétaire, sur la substance dont ils sont faits, sur le prix, la forme. De tout cela il dégage tout un ensemble de significations connotatives : l’objet est une présence obsessionnelle et il s’instaure comme le symbolisant de l’homme, de la situation