Contre Sainte-Beuve annonce/réunit un grand nombre des idées théoriques présentes au sein de
La recherche. Le mot clef ici c’est «poésie» : il y a de la poésie dans l’homme, et l’écrivain doit cerner et décrire cette poésie ; mais la poésie est comme un mirage, plus on s’en approche plus on s’en éloigne.
Pour Proust, elle est d’abord un rapport au monde, et la mémoire seule l’archive. Il n’est pas possible de décrire instantanément la poésie que dégage un être («la mystérieuse lumière, le …afficher plus de contenu…

Ce qui provoque le lyrisme - défini comme une manière passionnée, poétique, de sentir, de vivre, d'exprimer quelque chose (Le Robert) - ce n’est pas seulement la femme ni la nature, mais une multitude. L’écrivain livre sa théorie, passant de «la comtesse» à «une de ces personnes», puis à «un bel inconnu». L’origine ici, la source d’inspiration poétique choisie par Proust, c’est «un bel inconnu» rencontré, autour duquel jaillit la première impression - un sujet innombrable, susceptible d’être croisé n’importe où, un sujet infini dans le temps et …afficher plus de contenu…

] et nous sentons que nous ne les avons jamais connus.» Il faut creuser les couches du temps pour parvenir à la réalité des choses, engager une profonde introspection, entrer dans une rétrospection. C’est dans le temps perdu que la poésie se révèle.
Le phénomène d'enfouissement de l'impression laissée par autrui laisse un sentiment récurrent d’insatisfaction : plus on connaît l'autre, plus on méconnaît sa particularité poétique. L'art seul nous permet de decrire le mystère diffusé par la beauté en retrouvant, par le travail de création de recréation la rencontre originelle, parce que la première impression révèle l'autre, mais toujours par rapport à soi : «Ami intelligent, c'est-à-dire comme tout le monde, avec qui je cause tous