Qu'entend on par lecture
L'entrée de la littérature dans les nouveaux programmes de l'école primaire invite à interroger non seulement la notion de littérature mais son approche par la lecture littéraire. Quel sens donner à ce terme problématique ? Entre émotion et approche cognitive, quelle posture de lecture suppose-t-il ?
Avant d'apporter des éléments de définition de la lecture littéraire, je me propose d'en présenter les fondements théoriques et de rappeler les théories de la réception auxquelles se réfèrent les didacticiens. S'il est relativement simple de retracer les théories de la réception dont l'apport est aujourd'hui peu contesté, en revanche, produire une définition consensuelle de la lecture littéraire n'est pas chose facile. La lecture littéraire est en effet un objet à la fois banal et complexe - banal car il appartient à l'expérience de chacun, complexe car il se dérobe aux définitions et qu'il est aujourd'hui sujet de débats et de polémiques.
Notons, en premier lieu, la fragile existence terminologique de la lecture littéraire. Le terme apparaît " officiellement " en 1984, quand Michel Picard lui consacre un colloque à Reims. Puis il est repris par les didacticiens lors du colloque de Louvain-la Neuve, organisé par Jean-Louis Dufays en 1995. En 1996, sa présence est attestée dans la sphère universitaire avec le premier numéro de la revue de Vincent Jouve intitulée La lecture littéraire. Le terme fait aujourd'hui son entrée dans les revues didactiques mais n'apparaît pas encore dans les programmes de lycée où, après l'explication de texte et la lecture méthodique, on parle désormais de lecture analytique et de lecture cursive.
Le terme " lecture littéraire " recouvre des modes de réalisation différents selon les lieux où on l'emploie ; il désigne un ensemble