Le mot « littérature » est dérivé du latin littera, qui signifie la lettre. C’est une étymologie étrange pour un nom qui désigne quelque chose qui est antérieure à l’invention de l’écriture. La littérature, c’est-à-dire, l’art qui utilise les mots comme des moyens d’expression, fut premièrement orale ; les œuvres chantées et récitées occupèrent un espace notable aux époques ancien et médiévale, bien que l’on conserve seulement une partie infime d’elles. Pourtant, l’apparition de l’écriture établit les bases sur lesquelles l’histoire de la littérature saisira l’esprit de chaque époque et le transmettra à la postériorité par le moyen de certains traits éloquents.
Mais quels sont les critères que nous devons suivre afin d’analyser de la manière la plus objective et impartiale une œuvre littéraire ? Les courants artistiques se relaient tout au long du temps selon deux modèles : le modèle « apollinien » (v.gr : les courants de la Renaissance et du Néoclassicisme), qui implique une forte relation avec le monde classique, la raison, l’objectivité et l’ordre, et le modèle « dionysiaque » (v.gr : les courants baroque et romantique), qui exalte la nature, la passion, la subjectivité et le chaos. Cette idée était essentielle avant le début du vingtième siècle pour comprendre le fonctionnement des mécanismes littéraires, mais elle ignorait beaucoup des éléments formels que l’on peut trouver dans le texte.
Néanmoins, le formalisme russe est le créateur d’une nouvelle conception de la littérature. Il s’agissait d’un mouvement qui réinstalla l’intérêt pour la forme au centre des études de l’œuvre littéraire depuis l’exigence d’un immanentisme critique. Un texte du penseur Roman Jakobson paru en 1921 à Prague, qui a pour nom La nouvelle poésie russe, établit très bien les différences entre les nouvelles propositions et les études littéraires traditionnelles qui prédominèrent jusqu’alors dans la critique littéraire :
« Donc, l’objet de la science de la littérature n’est pas la