Que peut-on reprocher a l'inconscient
Il est contradictoire de reprocher à quelqu’un d’être dans les conditions requises pour ne pas être responsable de ses actes. Pour que le reproche ait un sens, l’inconscient doit être responsable de son état d’inconscience donc être conscient, ce qui semble contradictoire.
Cependant, l’inconscience qui est l’état de celui qui est inconscient pourrait être invoquée pour rejeter toute responsabilité. Un alcoolique qui a tué en voiture quelqu’un peut-il s’excuser auprès du juge en prétendant qu’il avait trop bu ? C’est manifestement absurde.
Dès lors, on peut se demander si ce qu’on reproche à l’inconscient c’est d’être l’auteur de son état ou bien si c’est d’être la cause de l’acte ou bien si c’est d’être de mauvaise foi.
L’inconscient, c’est celui qui est en état d’inconscience. Or, il est difficile de reprocher quoi que ce soit à quelqu’un d’endormi, d’évanoui ou dans le coma puisqu’il ne fait rien. On peut lui reprocher son état si son état est son fait. En général, on reproche à l’inconscient de ne pas avoir réfléchi. Or, pour être sujet de reproche il faut avoir agi volontairement. Celui qui est inconscient a agi involontairement. Or pénalement, on peut accuser quelqu’un d’homicide involontaire. Pourquoi ?
La réflexion exige du sujet qu’il décide de réfléchir. C’est pour cela qu’on peut avec Alain dans ses Définitions soutenir que la réflexion qui fait l’essence de la conscience est toujours implicitement morale. Être conscient, c’est s’interroger sur soi-même, sur ce qu’on veut faire. Dès lors l’imprudence, l’inattention, le manquement à des règles de sécurité prescrites sont une faute non seulement juridique, mais également morale, lorsque c’est le sujet lui-même qui choisit de passer outre. Soit il se met volontairement en état de ne pas agir consciemment comme dans l’ivresse, soit il détourne son