Quel rôle jouent les « visites » de mme de sainte colombe dans le roman de p. quignard et le film d’a. corneau?
Tous les matins du monde est un roman édité en 1991 de Pascal Quignard repris par Alain Corneau au cinéma, au sein duquel s’élève une dimension supérieure dans laquelle la viole de gambe entraîne le lecteur. Cette dimension est celle des « visites » de Madame de Sainte Colombe, dont l’incipit, dès la première phrase nous annonce la mort. Pas moins de neuf apparitions ponctuent cette histoire et réunissent Monsieur de Sainte Colombe et sa femme grâce à la musique composée par l’époux inconsolable.
Ces « visites » se situent dans des frontières mouvantes entre le réel et le fantastique, entre les morts et les vivants et montrent le pouvoir magique de la musique.
« Tandis que le chant montait, près de lui, une femme très pâle apparut qui lui souriait …C’était sa femme et ses larmes coulaient. » (p. 36-37) C’est, en effet, grâce à la musique, que survient MmeSC, alors que son époux joue Le Tombeau des regrets qu’il a composé à l’occasion de la mort de sa femme.
Bien que ressemblant à une ombre (p.50) ou encore à du « vent » (p. 31), même « très pâle » (p. 36), elle laisse à l’issue de sa première apparition « une gaufrette…à demi-rongée » et « un verre de vin à moitié vide » (p.37). Ainsi, elle imprime aux objets la réalité de son passage. Toutes les apparitions dans ce roman oscillent entre le caractère charnel et l’allure spectrale (elle est « très pâle » p. 36) de MmeSC. Par-delà la mort, MSC sent « le corps de son épouse (qui) était venue le rejoindre » (chap. IX) ; les amants se parlent (quatrième visite), Mme SC pleure (première visite). L’interdiction de se toucher -« Non » dit-elle à son mari à cette occasion ou encore « je ne le puis », « il n’y a rien, Monsieur, à toucher que du vent »-, l’heure du retour obligatoire « Maintenant, il faut rentrer » dit-elle, la présence d’objets symboliques comme la calèche qui les ramène à leur maison