Quelle justice voulons nous ?
Tout le monde rêve d’un monde plus juste… mais au nom de quoi ?
L’égalité ?
La reconnaissance ?
Le respect de l’autonomie ?
Faut-il privilégier l’égalité ou le mérite ?
Existerait-il des inégalités justes ?
Des égalités injustes ?
Peut-on promouvoir une réelle égalité des chances ?
Qui ne se souvient de l’insupportable injustice dont il fut victime enfant ? C’est le jeune Jean-Jacques Rousseau accusé à tort d’avoir cassé un peigne de Mlle Lambercier qui, près de cinquante ans après, rédigeant ses Confessions, enrage encore. Ou le petit Georges Perec à qui la maîtresse arrache une médaille pourtant méritée parce qu’il aurait volontairement bousculé une petite fille à la sortie de la classe. Dans une cour d’école ou à la maison, victimes de camarades ou d’adultes, tous les enfants ont connu leurs injustices et la colère qu’elles ont générée.
En guérit-on ?
Rien n’est moins sûr.
Il y a toujours un enfant en nous qui s’insurge, malgré la désillusion et le réalisme qui sont le triste privilège des années. L’injustice est première. Et pas besoin de raisonnements alambiqués, de grandes constructions théoriques pour en faire l’expérience. Il y a les injustices criantes, incontestables. Celles qui font s’exclamer chacun d’entre nous. En 2006, rien qu’en dividendes, Bernard Arnault à la tête du prestigieux groupe LVMH, a ainsi touché l’équivalent de 27000 années de SMIC !
Mais la détermination de ce qui est juste ou non divise plus souvent qu’elle ne met d’accord. Ainsi la chatouilleuse question des impôts. Faut-il alléger la fiscalité et limiter la redistribution sociale ? Faut-il au contraire la soutenir afin d’aider les moins lotis dans notre société ? La question laisse souvent parler les intérêts particuliers. Les chefs d’entreprise sont ainsi nombreux à juger injuste une fiscalité étouffante qui ne reconnaîtrait guère les mérites quand les personnes aux revenus modestes estiment souvent les aides sociales insuffisantes