Pianiste souverain et sévère, compositeur tragique, personnage mystérieux, austère, "puritain" diront même les critiques américaines, Rachmaninov, aux yeux d'une de ses biographes françaises, Catherine Poivre d'Arvor, reste essentiellement "un incompris".
Le prélude du site constitue une rapide introduction à l'univers de Rachmaninov. Mais pour découvrir plus profondément sa personnalité et celle de sa musique, en somme son esthétique, nous vous proposons six Moments musicaux, des textes personnels sur l'univers romantique du compositeur.
Cet univers, nous pourrions le ramener à deux intuitions principales, deux intuitions, comme dirait Bergson, antérieures à toute conception, à toute réflexion :
-------- D’une part, la mélodie comme élément fondamental de la musique (il s’en explique dans une interview à The Etude en 1919). Bien évidemment, il y a ici quelque chose de plus qu'une intuition, puisque c'est non seulement toute la conception musicale russe, et plus particulièrement celle de l'école de Moscou, qui rejaillit dans cette démarche. On peut dans tous les cas noter, à partir des Cloches (1913), à partir également de son exil (1917), une inflexion sensible de ses mélodies, vers davantage de dépouillement, d’ellipse, de résignation…
-------- D’autre part, la prise de conscience inconsolée de la tristesse d'une vie humaine. Et on peut grosso modo dater de la même période une évolution, non vers le sentiment comblé de vivre, mais vers une convalescence plus discrètement triste (écoutez par exemple l'introduction du Quatrième Concerto)… Car il y a quelque chose de la convalescence, parfois, dans la musique de Rachmaninov, alternant - anxieusement - mélancolie, puis exaltation. Quelque chose, par conséquent, de thérapeutique : la musique (même si le remède n’est pas sage), la musique pour guérir de la vie…

Précisons que ces articles s'intéressent avant tout au domaine poétique voire philosophique de la musique de Rachmaninov. A l'exception du texte consacré