Commentez le texte suivant, extrait de Raymond ARON, Démocratie et totalitarisme, 1965, réédition Folio-Essais, 2003, pp. 112-114. Le président des États-Unis ne peut exercer son autorité qu’en accord avec les assemblées, Chambre des représentants ou Sénat. Or, le parti du président des États-Unis ne détient pas nécessairement la majorité dans les Assemblées. Pour que le système fonctionne, il faut qu’un président républicain puisse coopérer avec un Sénat à majorité démocrate. Quant aux ministres, ils sont choisis parmi les non-parlementaires par le président des ÉtatsUnis, révocables par lui. Ces désignations doivent être dans certains cas, confirmées par le Sénat. En Grande-Bretagne, le gouvernement, au moins dans la constitution telle qu’elle fonctionne aujourd’hui, est le représentant de la majorité de la Chambre des communes. Avec deux partis, le gouvernement s’appuie sur la majorité des députés et la combinaison américaine où le président n’appartient pas au parti qui détient la majorité dans les assemblées est inconcevable. Ces deux systèmes comportent l’un et l’autre, dans la situation présente, deux partis, non sans différences importantes entre les partis britannique et américain. Les deux partis anglais sont disciplinés ; à la Chambre des communes les députés conservateurs ne peuvent pas ne pas voter pour le gouvernement conservateur chaque fois que les « whips », ceux qui tiennent le fouet, en donnent l’ordre ; dans le système américain, les partis ne sont pas disciplinés, et le président gouverne normalement avec une majorité de son propre parti et une minorité appartenant au parti d’opposition. Dans un cas, la discipline est de règle morale, dans l’autre, il est de règle morale que le parlementaire vote selon sa conscience et non pas selon les impératifs du parti. Ces deux exemples nous offrent des formes, parentes et opposées, de Constitution. Dans les deux cas, les diverses instances doivent coopérer. On dit qu’aux États-Unis il y a séparation des