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Je me trouve en ce moment même dans une prison nommée Saint François Xavier où je suis enfermé contre ma volonté. Je viens de finir ma première semaine de cours, les professeurs nous ont expliqué le règlement du lycée et je vais te citer une des règles qui m'a paru assez divertissante : «nous n'avons pas le droit de manger des bananes entre dix-huit heures et dix-neuf heures», car d'après le directeur nous sommes plus susceptibles d'attraper ebola par les bananes à cette heure-là. Mais bon, trêve de plaisanterie, je vis un enfer dans cet internat. Les professeurs et les surveillants que l'on nomme entre nous les matons font régner une vraie dictature. Ils ont mis en place une sorte de censure du courrier pour qu'on ne puisse pas expliquer à nos familles ce que les matons nous font subir. Mais j'ai trouvé un moyen infaillible pour pouvoir communiquer avec le monde extérieur : je donne mon courrier au boulanger qui vient tous les matins emmener le pain rassit qu'il n'a pas vendu la veille et l'avant-veille. Malheureusement, ce n'est pas tout. La CPE, une grosse femme aux cheveux oranges que l'on nomme Athènes car c'est la capitale de la Grèce, nous rend la vie impossible à cause de ses multiples interventions en plein milieu de la nuit pour retrouver le voleur de la cantine qui dévalise les frigos. Ce voleur se trouve être moi. Je risque de nombreuse heures de colles si je me fais prendre, mais mes camarades comptent sur moi. Je suis un peu leur Robin des bois. Comprend moi, Bernadette, la nourriture qu'ils nous servent à la cantine est infâme. La dernière fois, il y avait une langue de bœuf au menu et il y avait encore des poils dessus! La seule chose qui m'empêche de devenir fou est la pensée de vous revoir toi et les copains.