La joie de vivre de H.Matisse
Cette toile montre une première rupture entre Matisse et les Fauves et préfigure, 20 ans avant leur systématisation, l'utilisation des gouaches découpées en simplifiant l'évocation des silhouettes, la construction géométrique de l'espace et les grands aplats de couleur qui délimitent la composition et allient légèreté et puissance. De nombreuses esquisses ont été produites par Matisse principalement pendant son séjour à Collioure.
Les personnages vivent durant l'âge d'or, ils dansent s'embrassent et écoutent de la musique.
Cette immense toile dont les personnages sont inspirés des Baigneuses de Cézanne est mal reçue par la critique. Pour Felix Feneon "Matisse se fourvoie …inutile, à ne pas suivre" on le critique pour ses couleurs qui n'ont rien à voir avec la réalité, ses figures blanches et vides. Le tableau est acheté par Léo Stein mais il ne sera plus vu à partir de 1913 où il rentre dans des collections privées jusqu'à la Fondation Barnes qui en interdit les reproductions (seulement en noir et blanc jusqu'à une date encore récente avant que des problèmes financiers ne les rendent plus libéraux).
Mais cette toile, exposée chez les Stein, est beaucoup vue par Picasso. Il la reçoit comme un défi, lui qui se montre mal à l'aise avec les grands formats. La famille de saltimbanques (1905, National Gallery of Art, Washington) est un tableau émouvant que Rilke et Apollinaire adoraient. La Joie de vivre de Matisse est le premier des deux jalons qui va susciter le défi des Demoiselles d'Avignon.