relecture transversale
INTRODUCTION
Dans le langage courant actuel, "utopique" veut dire impossible ; une utopie est une chimère, une construction purement imaginaire dont la réalisation est, a priori, hors de notre portée.
Selon l’étymologie grecque, utopie signifie « en aucun lieu » d'où la notion d'un idéal non réalisé. Il est impossible de l'atteindre totalement. Elle reste à ce titre un horizon, un moteur de la création. L’utopie est un paradoxe qui navigue sans cesse entre la réalité et le rêve.
L’architecture et l’utopie entretiennent des liens anciens, à la fois évidents et difficiles à démêler.
A l’heure où le pragmatisme austère devient règle, l’art et l’architecture s’offrent encore comme des territoires où l’imagination est la norme. Les villes et leurs constructions sont autant d’espaces de surprises, de découvertes, articulant le passé au présent comme au futur.
Dans ces conditions, on pourra alors se demander quelle est la place de l’utopie dans la conception architecturale ? Est-elle une simple dérive de quelques architectes illuminés ou bien constitue t- elle une réelle source d’inspiration, permettant d’aller de l’avant aux artistes qui réinterprètent des espaces, inventent de nouveaux modèles de ville et de formes urbaines.
Je tenterai de répondre à cette question que j’ai été amenée à me poser lors de la conception de mes projets. J’aborderai les prémisses de l’utopie en étudiant certains bâtisseurs de rêve, puis j’essayerai d’établir les liens entre l’utopie et le fantasme architectural qui me paraît s’imposer lors de la création.
La matérialisation du rêve est-elle possible ou non ?
I- Les bâtisseurs d’utopie et leurs dérives
A/ A LA POURSUITE D’UNE CHIMERE
Le terme utopia est un néologisme grec forgé par Thomas More en 1516 pour désigner la société idéale qu'il décrit dans son œuvre Utopia. « Utopie », selon Thomas More, signifie « nulle part » : un lieu qui n’est dans aucun lieu ; une présence absente,