Religiosité et spiritualité dans tous les matins du monde
Peut-on voir Tous les matins du monde comme une œuvre pétrie de religiosité, de spiritualité ? Tous les matins du monde commence en 1650, en plein XVIIe siècle où la religion est encore une évidence dans le mode de vie de tous. En écrivant un roman dont la narration se déroule durant ce siècle, Quignard a délibérément choisi de s'attaquer à la question religieuse qui est indissociable du siècle d'or. Cependant, à l'inverse du topos que la littérature et le cinéma développent habituellement, Quignard écrit non pas sur Versailles, sa cour, son pouvoir et ses mœurs mais sur une petite porte du XVIIe qui est la vie en province, la vie janséniste. En effet, la seconde partie du siècle est profondément marquée, dans la vie politique comme dans la vie culturelle par la lutte que se livrent jésuites et jansénistes dont l'enjeu est la domination idéologique de l'Église. Le pape et le pouvoir royal vont prendre parti contre les jansénistes. Dans l'œuvre de Quignard, nous verrons non seulement que Sainte Colombe se distingue du monde parisien jésuite et vit à l'écart tel un janséniste, mais il s'affranchit finalement de toute religion et vit presque monacalement. Par bien des aspect, nous apprendrons donc Tous les matins du monde comme une œuvre pétrie de religiosité et de spiritualité.
Religiosité :
- un contexte religieux... Ce contexte à la fois religieux mais aussi politique est retranscrit dans le roman ainsi que dans le film. On découvre la famille Sainte Colombe vivant en dehors des excès de la ville et de l'ambiance de la cour, dans une maison paisible en pleine nature, aux abords de la Bièvre, comme reculés de tout. En effet, "il passait pour ne jamais les quitter" (chapitre onze). Monsieur de Sainte Colombe apparaît alors comme un homme "épineux" et "taciturne", "ne quittant