Renault 1995 2007 mondialisation et quelques doutes
"What have we learned about the dynamics of automobile firms and systems over the past 15 years ?" Paris, 20-22 june 2007
Renault 1992-2007
Mondialisation et quelques doutes
Michel Freyssenet
CSU, CNRS Paris
GERPISA
(Première version)
Après une période où tout semblait lui réussir, Renault vit à nouveau un moment difficile, de même que son allié Nissan. Depuis les années 80, Renault connaît tous les dix ans une période de faiblesse : 1983-1986, 1992-1997, 2005-?, suivie par un rebond parfois spectaculaire, comme celui au cours duquel Renault s’est allié à Nissan, a fait de Dacia la première marque « bas coûts » et a pénétré significativement le marché coréen en prenant le contrôle de Samsung. Ces trois périodes difficiles n’ont pas été de même nature. La première a été due à une crise mettant en jeu la survie financière de la firme. La seconde a résulté d’une crise de performance. La troisième semble relever d’une crise de cohérence, qui, si elle n’est pas appréciée comme telle, peut devenir plus qu’un simple « trou d’air ».
Les quinze dernières années de Renault vont donc d’une phase dépressive à une autre, séparée par une phase parmi les plus brillante de l’histoire de la firme au losange. La deuxième (1998-2004) et la troisième (2005-200 ?) se comprennent par le prolongement, dans des contextes différents, des orientations, des décisions et des actions de la première période (1993-1997).
1. De la « qualité » à « l’innovation conceptuelle », 1993-1997
1.1. La stratégie de « qualité » prise à contre-pied par l’éclatement de la première bulle spéculative et l’échec de la fusion avec Volvo
Après s’être désendetté en se séparant de nombreux actifs, Renault avait réussi à se redresser à la fin des années 80 en adoptant un stratégie de « qualité » 1, sous l’impulsion de son nouveau PDG, Raymond Levy nommé début 1987. Ce dernier estima en effet que Renault, ne pouvant plus miser sur le volume et