Représentation symbolique de mélusine
Master 1 Etudes littéraires
Littérature Médiévale
Mélusine :
La représentation symbolique du personnage,
entre attraction et répulsion
De tous les monstres féminins que nous a légué le Moyen Âge, Mélusine semble bien être le plus fascinant mais demeure la créature ambiguë par excellence. Créature hybride et merveilleuse, femme-serpente et femme-fée, sa beauté attire et sa queue de serpent provoque répulsion parce qu’elle évoque les flammes de l’Enfer. Si cette créature se trouve au beau milieu d’un conflit d’influences, entre tradition folklorique et christianisme, elle n’en reste pas moins une figure porteuse de sens.
I. Mélusine bâtisseuse et défricheuse
Bien que le motif de l’union d’un être surnaturel avec un mortel soit universel, Mélusine doit véritablement son illustre renommée non seulement aux légendes racontées dans le pays poitevin, mais surtout aux romans de Jean d’Arras et de Coudrette, qui pour la première fois donne un nom à la fée.
a) Un génie tutélaire de la famille des Lusignan
Sur la demande de Jean de Berry, Jean d’Arras écrit en 1392 Le Roman de Mélusine ou la Noble Histoire de Lusignan, roman qui raconte l’histoire des Lusignan et de leur forteresse construite, disait-on, par une fée. Cependant, si Jean d’Arras choisit Mélusine, créature merveilleuse, comme épouse de Raimondin, ce n’est pas par hasard mais bien dans une perspective généalogique. En effet, introduire une fée dans la galerie des ancêtres d’une noble famille permet d’en rehausser le prestige et de lui donner une ascendance mythique qui lui donne une seconde vie en la faisant entrer dans la littérature. Jacques Le Goff précise d’ailleurs que les héros de ces légendes ne sont pas des fils de roi mais appartiennent à la petite et moyenne aristocratie, celles des chevaliers et des milites : « Henno, Edric le seigneur de l’Esperver, Raymond du Château Rousset, Raimondin de Lusignan sont des milites ambitieux, désireux de