Rimbaud Et La Modernite 1
Rimbaud et la modernité, Actes du colloque de Naples (6-7 décembre 2004), textes édités par Giovanni Dotoli et Carolina Diglio, Fasano/Paris, Schena Editore/PUPS, 2005. Un vol. 14 x 21 de 200 p.
Voici un colloque et un volume consacrés à un sujet dont le moins qu’on puisse dire est qu’il n’est pas vraiment neuf, pour ne rien dire de la difficulté née du concept lui-même : car qu’est-ce, au fond, que cette fameuse modernité ? Le texte liminaire, dû à G. Dotoli, ne cherche d’ailleurs pas à préciser les choses (sans doute était-ce impossible) : notant que la figure de Rimbaud, universellement connue, se confond presque avec l’idée d’art moderne, il ajoute simplement, à côté de développements parfois un peu convenus sur le regard neuf ou la nouvelle langue qu’il aurait apportés, que cette figure est devenue un mythe au sens positif du terme, laissant en somme aux diverses contributions le soin de donner un sens à ce qui s’annonçait comme le sujet du colloque.
La première de ces contributions, due à Pierre Brunel, revient donc logiquement sur la phrase peut-être trop fameuse d’Adieu : « Il faut être absolument moderne ». L’auteur remarque d’abord que Verlaine, premier critique (à sa manière) de l’œuvre rimbaldienne, insiste avant tout dans Les Poètes maudits sur « l’homme libre en Rimbaud », celui qui n’a cessé de partir. Et de noter que, dans Adieu, cette idée de départ est précisément placée sous le signe de l’exigence de modernité, à la façon d’un impératif catégorique. Autant dire que cette exigence ne se confond, ni avec la postulation baudelairienne vers un ailleurs, ni avec une dérive vers l’imaginaire pur, dont un usage révolutionnaire du mot ou la réforme du vers auraient pu être les instruments. Elle implique au contraire (p. 25) « une traversée de l’Histoire, sans que Rimbaud s’encombre d’une quelconque Légende des siècles, et un refus de la posture chrétienne, en face de laquelle il est arrivé qu’il se positionne en