Roman de hamm
INTRODUCTION Du Bellay a suivi son oncle à Rome entre 1553 et 1557 afin d’obtenir une charge honorifique au Vatican. Il n’obtiendra qu’un poste d’intendant qui sera pour lui une source de désillusion d’autant plus amère que la France lui manque. C’est dans ce contexte qu’il rédige en 1558 un recueil au titre largement évocateur : Les Regrets. Après avoir déploré la chute de l’empire romain qu’il croyait grandiose (cf. Les Antiquités de Rome), Du Bellay revient à lui-même pour déplorer une autre chute, à savoir l’euphorie qu’il avait connue à Paris, essentiellement au niveau de la création littéraire. Dans ce poème « Las, où est maintenant », Du Bellay développe une tonalité élégiaque pour mettre en place le thème de la perte d’inspiration. Nous montrerons donc comment la composition très rigoureuse de ce sonnet permet au poète d’exprimer sa déploration (tristesse et regrets).
I.
LES DEUX QUATRAINS, MARQUE DE L’ELEGIE
L’apostrophe initiale « Las » (vers 1) donne immédiatement au sonnet sa tonalité élégiaque. En effet, les regrets vont être la marque récurrente de ces deux quatrains. Ils sont rendus par un questionnement répétitif qui prend la forme d’anaphores : « où est », « où sont ». Du Bellay utilise la forme concentrique et fermée du sonnet pour mettre en avant ses regrets et donner au texte une structure logique très claire : les deux quatrains qui constituent une succession de questions qui renvoient au passé vont s’opposer aux deux tercets qui sont des réponses qui renvoient au présent. Cette structure souligne en fait l’anéantissement du passé, la perte des illusions, la perte des ambitions de jeunesse, autant de thèmes concrétisés ici autour d’un topos cher à la Pléiade, à savoir la perte d’inspiration poétique. Les expressions des deux quatrains vont trouver dès lors leur écho dans les tercets (« Fortune » vers 1 et 9, v.3 ≠ v.12, v.2 ≠ v.10, v.4 ≠ v.13, v.6 ≠ v.14). Ces procédés