Route vers la liberté
—Considération sur le concept philosophique et les expressions artistiques chez André Malraux
Après que Nietzsche a proclamé la mort de Dieu, les valeurs religieuses qui constituent toute la tradition occidentale se sont effondrées, les hommes qui ne trouvent plus leur sentiment d’appartenance ont besoin urgent d’une doctrine pour s’échapper à ce sentiment, la vague de l’existentialisme s’est soulevée ainsi en France après la première guerre mondiale pour remplir ce vide doctrinal. La solitude irrémédiable de l’homme, l’absurdité de sa vie, son désir de l’emporter sur le temps, son obligation d’assurer la liberté, son mépris de la mort comme une affirmation ultime de l'existence authentique—tous ces thèmes existentialistes se trouvent déjà dans les expressions artistiques inoubliables chez André Malraux bien avant qu’ils deviennent des slogans intellectuels à la mode. Malraux est ainsi considéré comme le précurseur prophétique de la littérature française contemporaine.
Malraux a fait ses débuts du conteur avec lune en papier (1921), puis il a publié successivement les conquérants (1928) et la voie royale (1930), la condition humaine consacre le grand écrivain en 1933. Le prix Goncourt lui assure le grand succès français. Après un bref passage au pouvoir comme ministre de l’Information, André Malraux quitte le gouvernement et se consacre à une immense enquête sur l’art. Il en a tiré de grandes œuvres difficiles, comme les voix du silence (1951) , le musée imaginaire, etc.
Les romans de Malraux traitent presque tous un seul sujet : l’homme et son destin. Malraux rappelle le texte fameux de Pascal : « Qu’on s’imagine un grand nombre d’hommes dans les chaînes et tous condamnés à mort dont les uns étant chaque jour égorgés à la vue des autres, ceux qui restent voient leur propre condition dans celle de leurs semblables... C’est là l’image de la condition des hommes. ».Donc, c’est la mort qui prouve l’absurdité de l’homme. Alors, comment se