Rutebeuf et les chansons des croisades
Commentaire sur La complainte d'outre-mer et sur La voie de Tunis
Rutebeuf est un poète du XIIIe siècle dont un certain nombre des œuvres de sa large production sont entièrement consacrées à la croisade. La bibliographie de Rutebeuf se construit dans l'exploration de trois motifs principaux. Premièrement, c'est le poète de la complainte, motif très commun à l'époque qui consiste à se décrire dans sa misère et dans son malheur. Rutebeuf a, de plus, de la matière pour ses complaintes[1], lui qui aura vécu la majeure partie de sa vie pauvre, puis miséreux, et se sera marié à une femme laide et vieille ce qui l'aura ruiné plus encore. Il faut toutefois noter qu'il est la seule source que nous ayons sur sa vie et que ses propos peuvent être tout aussi bien la réalité que des fictions littéraires : quand on veut provoquer la pitié chez son lecteur, on en fait jamais trop. La partie de l’œuvre qui nous intéresse tiens des deux autres genres dans lesquelles il s’exerçait : l'humour et les textes engagés. Il est important de réaliser que l'amuseur qu'il était ne pouvait survivre en son temps que grâce au bon vouloir de mécènes qui auraient aimé ou commandé certains de ses textes. Rutebeuf vivait de ses lecteurs les plus illustres. Ainsi, que ce soit pour amuser ou pour fustiger, une grande part de sa production fut écrite sur commande. Il était une plume à vendre au service d'une cause ou d'une autre. Il étudia à l'Université où il avait acquis sa maîtrise du latin, c'est au service de l'Université qu'il participa à un de ses principal combat, la lutte contre les ordres mendiants. Nombres de ses textes y sont destinés et même quand il n'est pas proprement question d'eux, il ne manque pas une occasion de leur lancer une pique. D'autre part, et c'est là notre propos, il s'illustra au service de l’Église par ses exhortations à la croisade. Qu'il puisse ne pas partager l'avis qu'il défend peut être envisagé, étant donné qu'il professe