samadfozi
Pour le commentaire…
Le registre de cette lettre est satirique. Montesquieu y critique la badauderie, la frivolité des Parisiens, ainsi que l’empire ridicule de la mode ; mais il fustige aussi leur ethnocentrisme, et tire de ce récit une morale d’ordre philosophique. L’auteur utilise l’apologue pour faire passer sa critique et dispenser un enseignement moral implicite (cf. La Fontaine, Voltaire). En effet :
Le lyrisme de la lettre, la profusion de la première personne, et donc l’individualité et la subjectivité du propos, sont détournés pour servir à la narration : le récit s’accompagne donc de remarques, de traits satiriques, qu’elle masque. La correspondance, également, est intime, et implique un cercle fermé : le propos y est plus libre.
Celui qui écrit est un étranger, un « Persan », ce qui permet d’adoucir la critique et d’ajouter une touche d’exotisme qui fait illusion, car le cadre intime de la lettre fait en quelque sorte entrer le lecteur dans une atmosphère orientale, et donc nouvelle. On note la présence de préjugés orientaux (« les femmes mêmes, etc. » l. 4). Le comique de la lettre adoucit également la critique.
Le récit est anecdotique ; il constitue à première vue un fait isolé. On remarque d’ailleurs qu’un ressenti personnel est présent : Montesquieu allie humour avec des pointes de pathétique propres à Rica, mais qui ne sont pas uniquement ironiques, et nous révèlent ainsi un pan du caractère de l’épistolier.
Cependant le fait raconté n’est pas une simple anecdote : le véritable endroit de la plume de l’auteur est la France. Il ne faut pas s’y tromper : le pluriel de la première ligne est