scenario
Le son de l’eau est indescriptible. il n’y a pas un instrument pour jouer cette musique. Pas une onomatopée pour saisir les notes invisibles de cette mélodie que font nos corps au contact de l’eau. Nos bras, nos pieds, nos coudes, nos chevilles, nos jambes, nos oreilles, nos sexes, nos cheveux, nos fesses qui effleurent cette surface limpide et transparente, nous submergeant progressivement, à la lenteur du serpent qui rampe ; qui attend d’attaquer, ou d’être attaqué, c’est selon.
J’avançai. Continuai d’avancer. M’attardai sur le sable. Je savais que dans quelques minutes mes pieds quitteraient la substance graineuse, solide, rigide et pourtant douce, délicate, mouillée, travaillée par un artiste inconnu .je savais que mes orteils je n’y toucherais plus. Quand le niveau de l’eau aurait dépassé ma petite hauteur, je ne gouterais plus à cette sensation, ce toucher, j’oublierais pour toujours l’effet que ça fait. Dans ma marche dansante, je connus de la beauté dans mes pas, de la fluidité dans mes gestes, de l’harmonie dans ma danse aquarelle. À l’instant, ma seule pensée fut une formule que je connus au cinéma : c’est curieux comme on apprend à mieux repérer la beauté au moment où l’on s’apprête à la quitter.
La luminosité du paysage était parfaite. Je m’allongeai sur le dos, tendis mes bras, écarta mes jambes. Vue de ciel, je ferais une belle étoile. Je fermis les yeux, Les maintins clos, hermétiquement clos. Un instant, deux, un bon moment. Quand je les rouvris, la lumière du jour avait changé. Je connus une nuance nouvelle, le nuage d’une ombre qui se posera dans les prochaines heures. Je me surpris, telle ces bouddhistes, ces voyageurs observateurs, contemplateurs du vaste, de l’étendu, parfois du vide ou de l’inconnu, à me sentir capable de délecter le petit des détails, d’en prouver l’existence au sein d’un magma d’images, de corps et d’objets. Je savourais en