Science positive
Chapitre I du livre Essais d'économie positive de Milton Friedman
Dans son admirable livre, Objet et méthode de l'économie politique, John Neville Keynes établit une distinction entre une science positive... [,] corps de savoir systématisé concernant ce qui est ; une science normative ou régulatrice... [,] corps de savoir systématisé concernant les critères de ce qui doit être... ; un art... [,] système de règles permettant d'atteindre une fin donnée Ÿ ; il précise que la confusion entre ces disciplines est très répandue et a été la source de beaucoup d'erreurs nuisibles Ÿ ; et il souligne l'importance qu'il y aurait à établir une science positive de l'économie politique Ÿ .
Ce texte traite essentiellement de certains des problèmes méthodologiques qui se font jour dans l'établissement de la science positive Ÿ que Keynes appelait de ses voeux - en particulier du problème de savoir en quoi une hypothèse ou une théorie peut ou non se trouver acceptée à titre expérimental au sein du corps du savoir systématisé concernant ce qui est - Ÿ. La confusion déplorée par Keynes sévit néanmoins encore si largement, et représente encore un tel obstacle à la reconnaissance de ce que l'économie peut être (et est en partie) une science positive, qu'il nous semble utile de faire précéder le corps même de l'article de quelques remarques concernant la relation entre économie positive et économie normative.
I. La relation entre économie positive et économie normative
La confusion entre économie positive et économie normative est inévitable dans une certaine mesure. L'objet même de l'économie est considéré par presque tous les hommes comme d'une importance vitale pour eux, et comme une matière relevant de leur propre expérience et de leur propre compétence ; il est la source de controverses sans fin, et sert de prétexte à de nombreuses décisions législatives. Des experts Ÿ auto-proclamés parlent qui ne font pas l'unanimité