Sciences
On peut d'abord nuancer et préciser cette expression. La vérité, ou plutôt les vérités dont nous parlons concernent essentiellement les objets de la nature (au sens large), leurs comportements, leurs contraintes, bref, les lois qui régissent le monde.
Sans doute faut-il parler aussi au pluriel des sciences et non de la science, car la notion de vérité, absolue en mathématiques, l'est moins en physique par exemple : les lois de la mécanique newtonienne sont vraies pour des vitesses "ordinaires", elles doivent être modifiées, précisées, par la mécanique relativiste pour des vitesses très grandes.
Qu'entends-je par "vraies" ? Qu'elles s'insèrent dans une conception générale s'appliquant à des objets très différents, qu'elles sont systématiquement vérifiées par l'expérience, et qu'elles permettent de prédire, de faire des découvertes. L'histoire de la découverte de la planète Neptune en est une belle illustration. Entre 1820 et 1845, les calculs des astronomes mettaient en évidence un écart non négligeable entre ce que prédisaient les lois de Newton et les positions des planètes.
Une hypothèse parfois émise était que cet écart pourrait être dû à l'existence d'une planète inconnue. Le jeune mathématicien Le Verrier se mit au travail, en s'appuyant sur cette hypothèse (et sur la loi de Newton !). En août 1846, il annonça à l'Académie des sciences qu'une nouvelle planète devait se trouver à la longitude de 326° 32', puis écrivit à un astronome de Berlin en lui demandant de diriger sa lunette vers le point indiqué.
L'astronome la trouva à 327° 24', soit avec une précision de moins de 1°. Elle fut baptisée Neptune. Puissance de la science qui devient représentation du monde ! Peu de scientifiques ont connu la gloire de Le Verrier en découvrant une nouvelle