Depuis la naissance du cinéma des frères Lumières, les pièces de Shakespeare ont influencé un grand nombre de récits cinématographiques. En 1902 déjà, Méliès, que l’on considère comme le premier réalisateur, s’inspire de l’histoire d’amour Roméo et Juliette de Shakespeare pour son court métrage Le diable géant ou le miracle de la Madone. Le théâtre de Shakespeare fournit un puits sans fond de trames romanesques, à ce cinéma naissant du début XXème. Dans une certaine mesure, on pourrait dire que les pièces shakespeariennes ont préfiguré le récit cinématographique. En quête de modèles, le cinéma a pioché dans le théâtre les sujets et les éléments de représentation qui lui manquait alors. Désormais il semble qu’il y ait un revirement de situation, ce que soulève Philippe Pilard dans la citation à l’étude. Les pièces de Shakespeare, au cours du temps devenues pièces poussiéreuses de musée, connaissent un regain d’intérêt grâce au cinéma. Il serait alors intéressant de se demander dans quelle mesure le théâtre de Shakespeare, désuet en apparence, recouvre son authenticité et légitimité grâce au cinéma. La transposition cinématographique, en effet, semble redonner goût au théâtre shakespearien. Celui ci est une matière brute idéale pour le cinéaste qui la façonne plus ou moins à ses idées.
En Grande Bretagne comme dans l’ensemble du monde, Shakespeare est la référence en matière de théâtre. Ses pièces ont influencés l’ensemble des productions théâtrales suivantes. Connues et reconnues, ces pièces ne semblent désormais compréhensibles que par une partie de ses lecteurs. Datant du XVIème siècle, le langage de Shakespeare peut sembler désuet, voir inconnu. Ces pièces se révèlent être poétiques. Truffées de métaphores et de jeux sonores, les tirades sont versifiées. Obscures à la lecture, elles se révèlent aussi difficile à entendre lors de leur représentation, pour les contemporains de plus en plus habitués au langage parlé au théâtre. Les nombreux passages originaux