Shoah
Préserver la mémoire...
Mais l'histoire ne se confond pas avec la mémoire. La mémoire nourrit l'histoire, et parfois la déforme. Les historiens, eux, tâchent d'établir les faits, de faire comprendre les motivations, de proposer des interprétations. Ils encadrent la mémoire et lui donnent un sens. Naturellement, ils fuient l'émotion dans la mesure du possible et préfèrent adopter le ton froid, détaché, aseptisé des experts. Leurs sentiments, ils les dissimulent comme si la pudeur ou la prudence leur imposait cette ascèse.
La Shoah n'est pas un événement, voire une série d'événements comme les autres. Elle tient une place centrale dans l'histoire de notre siècle.
En 1992 a paru un ouvrage collectif qui a pour titre L'Histoire inhumaine et pour sous-titre Massacres et génocides des origines à nos jours. Des spécialistes de diverses disciplines, des cinq continents, de toutes les périodes de l'histoire y analysent les « crimes collectifs au point de vue des massacreurs et des victimes des massacres ». De la préhistoire aux Indiens d'Amérique latine, en passant par l'Antiquité grecque et latine, les grandes invasions, la traite négrière et les exterminations soviétiques, rien n'est épargné au lecteur. Le chapitre 9 porte sur « l'industrie du meurtre collectif: Hitler et le Troisième Reich ». L'hystérie antisémite, les camps