Sorcieres, sages femmes et infirmieres
Si l’histoire des femmes et du Mouvement pour la santé des femmes avait été écrite, elle commencerait probablement par «il y a de cela très très longtemps...»; car enfin, les femmes ne se sont pas improvisées expertes en santé, elles l’ont toujours été!...
On trouve en effet, à travers les âges et dans presque toutes les sociétés, la présence de femmes qui soignaient et guérissaient. Associées au symbole de fécondité et considérées comme responsables de la reproduction, les femmes ont toujours été proches des manifestations de la vie et de la mort; elles ont acquis tout un savoir concernant l’alimentation, la grossesse, l’accouchement, la contraception, l’avortement, l’hygiène et les soins du corps.
Ces femmes avaient une approche empirique de la santé, c’est-à-dire un savoir basé sur l’expérience plutôt que sur la théorie. Elles se sont, depuis l’Antiquité où elles étaient prêtresses, formées au contact les unes des autres, transmis leurs connaissances oralement, de mère en fille, de voisine à voisine. Les origines des potions-santé, léguées de la même façon par nos grand-mères et arrière-grand-mères remontent, sait-on vraiment, jusqu’où?
Ces prêtresses de l’Antiquité, sorcières ou sages-femmes du Moyen Âge, avaient du pouvoir et l’exerçaient; s’il n’était pas officiel (politique), ce pouvoir non hiérarchique n’en était pas moins important: respectées par la communauté, perçues comme sages, on les consultait volontiers sur des questions de la vie courante. Leur engagement social se reflétait par ailleurs dans leur participation aux assemblées populaires où leur opinion comptait. Le plus souvent autonomes, elles étaient, et de loin, l’antithèse de l’image idéalisée de la femme (soumise, dépendante, dénuée d’objectivité, etc.).
Les choses changeront cependant au cours de l’Histoire. L’institutionnalisation de la famille et, plus tard, l’avènement du christianisme, feront perdre aux prêtresses leur place et