Stage
Parmi les productions littéraires régionales de l'Algérie, de la Libye, du Mali, du Maroc, de la Mauritanie, du Niger, de la Tunisie, on se doit de citer les chants et les poèmes d'expression berbère. Au travers de la dispersion des parlers berbères, les langues que les poètes ont forgées recréent de véritables unités locales. En effet, s'il n'y a pas de berbère commun, sinon cette structure idéale esquissée par les linguistes, il y a quelques langues littéraires communes, définies de l'extérieur par l'exten sion du domaine géographique où les poèmes sont diffusés et compris, définies de l'intérieur par un système grammatical et lexical qui n'est pas celui de tel ou tel parler de la même aire. Certains préjugés tenaces, venant de clercs tout pénétrés de l'absolue supériorité de l'écrit sur l'oral, qu'ils soient de culture occidentale ou de culture orientale, ont pu laisser croire à la pauvreté, à la « simplicité pri mitive» des poésies berbères, c'est pourquoi il est nécessaire de souligner et l'existence de langues littéraires et la valeur artistique, pleinement sentie par le groupe social où elles sont créées et exécutées, d'œuvres que des siècles de maniement des techniques orales ont permis de construire et d'affiner. Les conditions historiques des études berbères expliquent pour une part ces opinions défavorables sur l'art poétique berbère [P. G.-P., Tradition, p. 315-316] (1). La carence des documents en rend également raison. On pourrait reprendre ici ce qui est dit ailleurs dans cet article du conte maghrébin. L'accès qui nous est donné à la poésie berbère est malaisé. Il faut aller chercher les poèmes, souvent, dans des études gram maticales ou ethnographiques. Les traductions sont parfois absentes, la plu part du temps insuffisantes. Peu d'enquêteurs se sont posé le problème de l'établissement des textes. On associe volontiers la notion de littérature orale - et la plupart des poésies berbères sont de tradition orale celle