Staline
Avec l'arrivée au Kremlin de Vladimir Poutine, Staline est redevenu un personnage mythique, victorieux du nazisme en 1945 et bâtisseur "de la société la plus juste au monde (...) et d'une grande puissance industrielle", selon l'un des principaux manuels scolaires. Rien ou très peu n'est dit des massacres perpétrés par une police politique dont le président russe est si fier d'être issu.
Pour les soixante ans de sa mort (le 5 mars 1953), c'est aux victimes de Staline que Le Monde consacre un supplément, plus particulièrement à celles de la Grande Terreur de 1937-1938, lorsque 1 600 personnes étaient exécutées chaque jour. Ces documents exceptionnels, les Russes n'y ont pas accès. Les archives du KGB sont hermétiques et ceux qui s'y intéressent sont soupçonnés de trahison.
Staline est désormais fantomatique mais omniprésent, jamais loué explicitement par le pouvoir, jamais critiqué non plus. Sa mémoire fleurit sans qu'une seule rue ne porte son nom. Les manifestations de cette présence sont rares : un slogan restauré en lettres d'or à la station de métro Kourskaïa de Moscou et quelques portraits sur les autobus au moment des grandes fêtes commémoratives de la victoire contre le nazisme – jours durant lesquels, c'est officiel depuis février 2013, la ville de Volgograd reprendra son nom de Stalingrad.
Les Russes n'ont jamais été aussi libres de surfer sur Internet, de voyager et de consommer, à condition de ne pas