Suffit-il de se souvenir pour écrire une autobiographie ?
Le souvenir tient en effet une place incontestable dans l'écriture d'un récit autobiographique : celui-ci ne peut voir le jour sans un travail de remémoration. Qu'il rédige un journal, une autobiographie, des mémoires, ou même un roman autobiographique, l’écrivain fait appel dans tous les cas à la mémoire du passé, qui constitue la matière première à partir de laquelle il élabore son œuvre.
Chaque lecteur peut ainsi prendre connaissance de faits qui ont été vécus par l'écrivain. Ces événements sont mis en scène dans le récit et sont le plus souvent situés dans le temps et dans l'espace grâce à des repères spatio-temporels. Des précisions sont également fournies sur le cadre dans lequel se sont déroulés les faits' comme sur les protagonistes qui y ont participé. C’est ainsi que MicheI Leiris, dans L'Age d'homme, (...).
L'auteur de Balzac et la Petite tailleuse chinoise, Dai Sijie, confirme quant à lui, dans une interview donnée à l'occasion de la sortie de son film, que son roman autobiographique est très largement inspiré (...). Le souvenir est donc bien un élément majeur et indispensable à l'écriture d'une œuvre autobiographique qui, rappelons le, consiste en un récit rétrospectif inspiré par la propre vie de l'auteur.
D’ailleurs, le pacte autobiographique confirme le plus souvent l’intérêt que l’écrivain accorde à la restitution fidèle de-ses souvenirs. II n'est pas rare en effet que celui-ci s'engage, dans une préface ou un préambule, à donner de son passé une image aussi fidèle que possible. II place alors son récit sous le signe de la sincérité, de l'authenticité. Cet engagement se traduit par exemple pour Rousseau par la promesse de (...). Cette quête de sincérité est également sensible dans l'œuvre de NathaIie Sarraute, Enfance, où le double de la narratrice (...). Dans l'épisode du jardin du Luxembourg où elle évoque un bonheur enfantin, on voit avec quel soin elle sélectionne les mots qui