Suffit-il pour être juste d’obéir aux lois et aux coutumes de son pays ?
Cette question pose de nombreux problèmes. Premièrement, parlons nous ici de lois au sens des Nomoï grecques, c’est-à-dire à la fois lois positives, lois intérieures, et valeurs ? Parlons noux bien de coutumes au sens d’éducation ou des mœurs, des manières, des habitudes sociales, des conduites valorisées ou des modèles ? Ces lois, ces coutumes suffisent-elles pour définir la justice ? Deuxièmement, n'est-ce pas contraire à l'idéal de justice que de n'obéir qu'aux lois et coutumes de son pays ? Enfin, est-ce suffisant d'y obéir extérieurement, ou bien faut-il les appliquer avec sagesse ? La justice est une vertu politique cardinale qui repose sur l'obéissance du citoyen et du sujet aux lois et aux valeurs de son pays ou de celui où il réside. Cette conformité est en effet un impératif premier de la justice. Le sage doit préférer subir l'injustice que la commettre (problème de la loi injuste) : tel est le choix de Socrate dans le Criton. Mais les lois et les coutumes d'un pays donné suffisent-elles à déterminer la justice en soi (problème du relativisme et de l'universel) ? Enfin, La conformité aux lois et coutumes suffisent-elles (problème du jugement et de la bonté) ?Nous étudierons donc tout d'abord la valeur des lois et des coutumes en nous appuyant sur Œdipe, Antigone et Socrate, puis nous nous pencherons sur les Droits de l’Homme et l’Etat de Droit avec Kant et Eichmann, enfin nous verrons que le juste est au-delà des lois et des mœurs selon les principes d'équité et de charité, de jugement et de volonté.[ ]
La justice est d’abord un ordre qui repose sur des conventions.
« Obéir aux lois et aux coutumes de mon pays » est une formule cartésienne inspirée par la réflexion sceptique de Montaigne méditant l’exemple de Socrate. « Au demeurant, si c’est de nous que nous tirons le règlement de nos mœurs, à quelle confusion nous rejetterons-nous ? Car ce que notre raison nous conseille de