Sujet d invention, Voyage et Formation
Extraits : Nicolas Bouvier, L’Usage du Monde, 1963 – Claude Lévi-Strauss, Tristes Tropiques, 1955 (incipit)
Dans la lettre ouverte qu’il publiera dans un magazine de voyage, un explorateur ou une exploratrice répond à la question finale de Claude Lévi-Strauss : « un si pauvre souvenir mérite t-il que je lève la plume pour le fixer ? » Il ou elle défend la nécessité et l’intérêt de faire partager aux lecteurs les détails concrets du déroulement d’une expédition ou d’un voyage. Il fait lui-même référence à ses voyages ainsi qu’à ses lectures.
Comment est-ce possible, M. Lévi-Strauss, que vous hésitiez ne serait-ce qu’une seule seconde, à relater vos innombrables années passées en Amérique de sud ? Tout de temps ne vous a donc pas suffi en temps qu’ethnologue pour apprendre des habitants locaux ? Ne pensiez-vous pas que vos expériences peuvent apporter une pierre, même minuscule, à l’édifice de notre société ? Chacun est acteur de la société. En fonction des visages choisis, je peux changer le monde, nous pouvons changer le monde, vous pouvez changer le monde. Je vous l’accorde, partager son vécu dans un livre n’est en soi pas révolutionnaire. Mais il est probable que si un ou plusieurs lecteurs parviennent à terminer votre ouvrage, ils en ressortiront enrichis et grandis. Et c’est à cet instant que vous aurez réussi le pari de laisser une trace de vous-même, de vos convictions, à tout jamais dans nos mœurs, et certains peut-être en seront inspirés. Je suis convaincue que des explorateurs et diaristes tels que Christophe Colomb m’ont inspiré dans mes divers voyages. Je sais dorénavant sur les actions menées autrefois et je ne reproduirai pas les erreurs du passé.
Vous qui êtes voyageur et non voyagé comme l’aurait écrit Stephen Zweig, prenez absolument conscience, je vous en prie, que vos souvenirs valent la peine d’être écrits. Plus tard votre famille vous sera tout à fait reconnaissante pour ce témoignage. N’oublions pas votre expérience ! Même