Synthèse Twelve Years A Slave Biopic
Steve McQueen (II)
Alors que Steve McQueen écrit un scénario avec John Ridley, imaginant l’histoire d’un homme libre se faisant kidnapper et vendre comme esclave, il découvre Twelve Years A Slave, une autobiographie rédigée par Solomon Northup en 1853. Il prend la décision d’adapter l’ouvrage au cinéma, le témoignage correspondant à son idée d’origine.1 En résulte un long-métrage généralement qualifié de biopic, traitant de l’histoire réelle de Solomon Northup, capturé en tant qu’homme libre puis vendu comme esclave, qu’il demeure douze ans, vivant au quotidien l’atrocité de l’esclavage, avant de parvenir à retrouver sa liberté initiale.
Au cours du visionnage de ce long-métrage, les intentions du cinéaste se font ressentir au travers du traitement de l’esclavage. Steve McQueen semble vouloir être fidèle à la réalité, et notamment au contexte historique du XIXe siècle. Il évoque la violence physique et psychologique infligée d’humain à humain, mettant délibérément en lumière le contraste entre l’horreur de certaines scènes et la magnificence naturelle des paysages dans lesquels elles se déroulent, évoquant parfois Naissance D’Une Nation de Griffith. Alain Masson, critique de cinéma et historien, effectue un rapprochement avec la théorie d’Aristote selon laquelle les esclaves le seraient par nature ; et voit dans Twelve Years A Slave une destruction de cette théorie2. Le réalisateur souhaite dénoncer l’infamie de la servitude, plongeant pratiquement le spectateur dans un supplice durant certaines scènes en usant notamment de plans longs. McQueen semble presque combler les trous, originaires de sa frustration due à la faible présence de l’esclavage dans le cinéma américain3. Selon Taïna Tuhkunen, professeure à l’université d’Angers au sein du département d’études américaines, ce thème, loin d’être récurrent sur les écrans, est plutôt effleuré lorsqu’il est abordé4. Twelve Years A Slave de Steve McQueen serait donc une exception