Sékou toure
Après la Seconde Guerre mondiale, il apparaît de plus en plus clairement que le statut des colonies est appelé à évoluer vers plus d’autonomie, sinon vers l’indépendance. En effet, la jeune Organisation des Nations Unies ne proclame-t-elle pas le "droit des peuples à disposer d’eux mêmes"? Le courant Tiers-mondiste, en plein essor, réclame quant à lui l’indépendance immédiate pour toutes les colonies lors la conférence de Bandung en 1955. Les Etats-Unis et l’URSS, grands vainqueurs de la guerre, luttant pour répandre leur influence à travers le monde vont-ils accepter encore longtemps le vieux monopole des Etats européens sur leurs colonies ? Et la première génération d’étudiants issue des universités européennes arrivant à maturité ne risque-t-elle pas de revendiquer une participation au pouvoir ?
Ainsi, la France entreprend-t-elle de réformer le cadre juridique qui régit son empire. En 1956, la loi Cadre confère une certaine autonomie aux colonies en leur permettant d’élire des assemblées territoriales et un conseil de gouvernement. En 1958, De Gaulle, rappelé au pouvoir pour résoudre la crise algérienne, propose une nouvelle constitution pour la France, celle qui donnera naissance à la Vème République dans laquelle nous vivons encore. Cette constitution prévoit notamment de regrouper les colonies dans une “Communauté française”, une sorte de fédération où les colonies n’obtiendraient, en réalité, pas plus de pouvoir qu’auparavant.
Sous la pression des partis et des syndicats africains, De Gaulle accepte néanmoins que les colonies puissent décider, au cours de leur participation au référendum sur la nouvelle constitution, si elles souhaitent intégrer la Communauté française ou accéder à l’indépendance. Mais De Gaulle menace : la France coupera tout lien, et notamment toute aide économique à ceux qui refuseront. Et à l’époque, l’apport économique de la métropole n’est pas négligeable, la France investit trois fois plus en Afrique noire entre