Techniques de broyage et organisation socioéconomique : le cas des sites chalcolithiques du sud-est de la péninsule ibérique
Depuis la découverte du site de Los Millares (Almería, Espagne) à la fin du 19e siècle, le Chalcolithique du sud-est de la Péninsule ibérique a fortement attiré l'attention de la recherche sur la Préhistoire récente de l'Europe. Des fouilles modernes ont confirmé que ce vaste habitat d’une superficie de six hectares comportait à l’apogée de son développement trois enceintes successives de murailles fortifiées et une citadelle intérieure (Arribas et al. 1987, Molina & Camara 2005). A l’ouest, voisinant avec le camp retranché, s’étendait une nécropole de 13 hectares comprenant au moins 80 sépultures collectives mégalithiques. Les monuments funéraires conservent plusieurs dizaines de squelettes, associés à des dépôts sépulcraux très variés, objets hautement élaborés à charge symbolique pour une large part, parfois confectionnés dans des matériaux allochtones. L’ensemble formé par l’habitat et la nécropole est flanqué au sud et à l’ouest par 13 petits forts situés sur des collines et permettant au mieux de contrôler visuellement un large territoire. D’abondants témoignages d’activités de production et de consommation ont été recueillis à l’intérieur de ces forts, ainsi qu’à Los Millares même dans des habitations ovales ou circulaires et des structures carrées, sur des aires ouvertes, et à l’intérieur des tours renforçant les murailles. Certaines de ces activités, comme la métallurgie ou la taille du silex, sont propres à des structures particulières, qui apparaissent ainsi spécialisées. Les dates C14 disponibles (Molina et al. 2004) suggèrent une occupation continue pendant environ 900 ans, entre la fin du 4e millénaire et la fin du 3e millénaire. Toutefois, les forts périphériques sont un phénomène associé à la phase finale de l’occupation, entre environ 2500 et 2200 cal BC, époque à laquelle la zone avait déjà été en grande partie désertée et