Thèmes religieux dans la chute
« Nous ne sortirons jamais de ce bénitier immense » (115)
Le racines de la Chute semblent être profondes : en 1936 Camus avait présenté son Diplôme d’Études Supérieurs sur le rapport entre métaphysique chrétienne et néoplatonisme. Le but était de démontrer la possibilité d’entrevoir les principes du christianisme déjà à l’intérieur de la pensée grecque, qui cependant au même temps nie cette vision. Mais si le motif religieux était donc un thème ancien pour lui, il faut aussi dire qu’un nouveau impulse en ce sens arriva à Camus à l’époque : la polémique avec les existentialistes était enflammée depuis peu d’années. Camus en distinguait deux sortes: celui qui débauche dans la divinité (Kierkegaard, Jaspers, etc.) et celui athée à la Sartre, qui opère quand-même une divinisation à l’égard de l’histoire. Camus avait bien compris qu’élever l’histoire à ce rôle servirait aussi pour justifier les violences et les abuses idéologiquement perpétrés, et cela n’était pas acceptable pour Camus.
En plus, Camus voyait son époque comme celle qui avait remplacé Dieu avec le vide : bien que théorique de «l’absurde », il était un féroce ennemi du nihilisme ; rejetant le néant des existentialistes, il se met en ouverte polémique avec les sartriens. Dans La Chute, il nous présente un monde vide, privé de lois et de valeurs susceptibles de fonder l’ordre du monde. En disparaissant, le christianisme a laissé une place vide, a créé un manque que chacun cherche à combler à sa manière. Ce qui reste sont les outils typiques de la foi à travers lesquels on est habitués à juger et se juger. Comme l’explique Howe :
"The Fall takes its place in the tradition of personal confessions and works of art that reveal the predicament of men who have placed themselves beyond the power and solace of Christianity yet continue to think in its terms, respond to its images and judge by its standards. Mostly, these have been men who are quick to greet