Ubu roi et macbuth
Les fleurs du mal de Baudelaire disent l’étrangeté et la beauté de l’amour avec la mélancolie et le chagrin collant à la peau de l’amoureux. L’étranger de Camus dit la beauté du soleil et de la terre charnelle algérienne en cachant la poudre, la déchéance et l’humanité du colonisé. Pour Baudelaire, il n’est sans nul doute, l’amour attaché à l’individu. Mais pour Camus, il est lié au présent de l’Algérie colonisée. La voix de Camus que l’on tente de claironner comme la plus juste durant la guerre de libération nationale algérienne sonne faux. Elle donne une mesure qu’il n’a pas eu dans l’orchestre de l’Histoire. Avec Camus, certains veulent refaire l’histoire, le concert qui s’est joué, pour introduire de fausses notes, de fausses questions. Trêve civile Au moment le plus intense de la guerre de libération algérienne, Camus a choisi de répondre aux questions politiques avec un discours poétique et ambigü. Le philosophe, sensé produire du discours et des concepts, se perdait en imprécisions. Puis, il se réclamait d’une opposition à l’indépendance de l’Algérie. La trêve civile qu’il a tenté, avant son grand silence, pour épargner les civils, a été élaborée, à ma connaissance, avec Ferhat Abbas et non avec Abane Ramadan, comme l’indique Monsieur Stora. Ferhat Abbas, qui n’était encore membre du FLN et qui a signé le texte, a ensuite rejoint cette organisation. Pourquoi ce basculement ? C’est certainement la politique française qui a poussé de nombreux « assimilationistes » à préférer la voie radicale face aux massacres de la France et la sainte alliance des partis parlementaires en donnant les pleins pouvoirs à l’armée. Le récit de Emmanuel Roblès, écrivain et ami de Camus, sur la trêve civile est bien clair sur la journée et le déroulement de cette réunion qui se voulait épargner les innocents. Le FLN a participé et voulait que les actions armées ne