Thèse - Rhétorique, Le Bien Suprême
La rhétorique procure-t-elle « le bien suprême [qui] est à la fois cause de liberté pour les hommes qui le possèdent et principe du commandement que chaque individu, dans sa propre cité, exerce sur autrui » ? (Platon, Gorgias, 452d) Tout d’abord, l’opinion de Socrate, qui défend l’idée que la rhétorique ne peut mener au « bien suprême ». D’ailleurs, il nous démontre qu’au contraire, dans la façon où elle est utilisée par les orateurs, qu’elle leur est même néfaste. En effet, dans son dialogue avec Polos, il en vient à le réfuter, à l’aide d’un entretien dialectique. Pour Polos, la rhétorique donne la « toute-puissance », qu’il définit au pouvoir de faire ce que l’on veut impunément. Ce pouvoir est ainsi, pour les orateurs, le plus grand bien. Or, comme Socrate l’illustre, elle ne peut être un bien pour l’homme, en ayant un tel but : « commettre l’injustice est pire que la subir et que ne pas être puni est pire qu’être puni. » (474 b) Il s’explique en démontrant que la justice est pour l’âme ce que la médecine est pour le corps : « [la justice] est une médecine pour la méchanceté de l’âme. » (478 d) De plus, il affirme que « le plus heureux des hommes est […] celui qui n’a aucun vice en son âme » (478 d). De là, l’utilité de la justice. En sommes, la rhétorique ne peut être « le bien suprême », car dans la façon utilisée, elle contourne la justice, et par conséquent, amène son utilisateur à vivre impunément dans l’injustice. Bref, elle est même un mal, dans la mesure où elle n’est d’aucune utilité en plus de nuire à celui qui l’utilise.