Thérèse raquin chapitre 11
Thérèse Raquin, paru, en 1867, est l’un des premiers romans naturaliste d’Emile Zola. Thérèse, jeune mercière mariée à Camille, mène une vie mortifère et ennuyeuse à Paris. Elle rencontre Laurent, un homme violent dont elle s’éprend et avec lequel elle entame une relation adultère. Mais les deux amants, sans cesse gênés dans leurs rencontres, décident d’assouvir leur passion en assassinant l’époux gênant.
Cette scène se passe à Saint-Ouen, près de Paris : un dimanche, les trois personnages se sont éloignés de Paris pour pique-niquer et faire une partie de canotage. C’est dans ce décor champêtre que prend place la scène du crime : les trois personnages sont assis sur une barque et naviguent sur la Seine.
Les promeneurs se taisaient. Assis au fond de la barque qui coulait avec l’eau, ils regardaient les dernières lueurs quitter les hautes branches. Ils approchaient des îles. Les grandes masses rougeâtres devenaient sombres ; tout le paysage se simplifiait dans le crépuscule ; la Seine, le ciel, les îles, les coteaux n’étaient plus que des taches brunes et grises qui s’effaçaient au milieu d’un brouillard laiteux.
Camille, qui avait fini par se coucher à plat ventre, la tête au-dessus de l’eau, trempa ses mains dans la rivière.
« Fichtre ! Que c’est froid ! s’écria-t-il. Il ne ferait pas bon de piquer une tête dans ce bouillon-là. »
Laurent ne répondit pas. Depuis un instant il regardait les deux rives avec inquiétude ; il avançait ses grosses mains sur ses genoux, en serrant les lèvres. Thérèse, roide, immobile, la tête un peu renversée, attendait.
La barque allait s’engager dans un petit bras, sombre et étroit, s’enfonçant entre deux îles. On entendait, derrière l’une des îles, les chants adoucis d’une équipe de canotiers qui devaient remonter la Seine. Au loin, en amont, la rivière était libre.
Alors Laurent se leva et prit Camille à bras-le-corps. Le commis éclata de rire.
« Ah