Tocqueville, le libéralisme et le paupérisme autour de l'ouvrage d'eric keslassy catallaxia
Autour de l'ouvrage d'Eric Keslassy
Catallaxia
De la pauvreté au paupérisme L'auteur s'inspire ici très explicitement des travaux de Robert Castel (1), et de sa fameuse affirmation selon laquelle la première question sociale s'ouvre au milieu du XIVe siècle, en 1349 exactement, au moment où le mendiant et plus encore le vagabond deviennent les archétypes des menaces à l'ordre social. Keslassy retrace l'histoire de l'avènement du paradigme de la misère (XIVe-XVIIIe siècles), terme plutôt social, puis du paradigme du paupérisme qui lui succède, (XIXe siècle), terme collectif et politique. Et c'est à l'aune de cette trame que les économistes classiques, au premier rang desquels Smith et Malthus, sont étudiés.
Au Moyen-Age, la figure du pauvre est soutenue par une triple sociabilité. En premier lieu, le pauvre est encastré dans une sociabilité "primaire", celle de la famille et des amis. A contrario, les étrangers, les isolés, les errants, ne peuvent y accéder. Ensuite, il bénéficie d'une sociabilité "organique", inhérente au système d'ordre : les puissants (seigneurs et notables) se sentent dans l'obligation de venir en aide aux pauvres qui se situent sur leurs domaines. C'est l'autre face du droit de vie et de mort des sujets du noble sur ses terres. Il y a enfin et surtout la sociabilité religieuse, dans la mesure où la charité chrétienne consiste à glorifier le geste même du soulagement de la pauvreté. Voici un paradoxe que Montesquieu, à qui son père avait donné pour parrain un pauvre, avait déjà relevé : le christianisme fait de la pauvreté une vertu (surtout lorsqu'elle procède d'un libre choix) ; mais par là même, il ne permet plus d'assurer le devoir général de charité qu'il impose comme un devoir moral. La religion pousse d'un côté au renoncement et à la privation, et, de l'autre, par l'aumône, légitime la coexistence des pauvres et des riches.
Plus largement, la question de l'assistance au Moyen-Age